Février 2023
Non à la magie !
Depuis le début de l’année il m’est arrivé, à plusieurs reprises de recevoir une sorte de remarque qui, je dois bien le dire, m’use quelque peu. Peu ou prou elle ressemble à ceci :
« Il faudrait bien que vous puissiez (ou que tu puisses, cela ne me dérange en rien), trouver une personne pour soutenir l’équipe des funérailles, mener les chants pendant la célébration du dimanche, ouvrir l’église, jouer de l’orgue, visiter untel ou untel… »
Bref, toute une série de demandes, poliment avancées, comme si j’étais magicien.
Voyez vous, il y a là, mais je comprends bien que tout cela n’est pas calculé consciemment, quelque chose d’un peu décourageant de se sentir ainsi investi et pour tout dire tenu, de combler tous les manques de notre petite communauté d’église, comme si j’étais le garant d’une entreprise cotée en bourse, redevable devant ses actionnaires.
En réalité je suis comme vous. J’essaye, de ma place particulière, d’œuvrer à la marche commune, de prendre soin de chacun, et c’est vrai que la tâche me dépasse parfois, je le ressens, et peut-être même, vous en apercevez vous quelquefois.
Pour autant il ne me semble pas juste, particulièrement en Eglise, de toujours considérer les difficultés, les imperfections, comme une blessure accaparante posée mécaniquement devant nous.
Dans notre paroisse il y a bien des choses que nous vivons, il y a bien des personnes (dans lesquelles vous pouvez vous reconnaître) qui donnent de leur temps, de leur énergie, de leur confiance en Dieu, pour assurer une multitude de service pour les autres, et plus loin qu’eux, pour le Seigneur lui même. Cela apporte beaucoup à ma joie intérieure de considérer toute cette vie.
Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’entrer dans une auto satisfaction immobilisante, mais peut-être plutôt de rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
En effet, lorsque nous nous lamentons, nous nous refermons sur nous mêmes et nous privons Dieu d’avoir une chance de pouvoir nous atteindre.
Pourtant nous prions ! Nous demandons tout un tas de choses qu’au fond de nous, nous désespérons de voir venir, et finalement, même sans vraiment nous l’avouer, nous entrons en jugement avec le Seigneur.
Mais notre Dieu lui non plus n’est pas magicien, ainsi, alors que nous l’enfermons dans nos demandes millimétrées nous ne le remarquons plus, présent au milieu de nous, impatient de partager la fragilité de notre vie, par amour, tout simplement.
Mathias