Mars 2023
Et le diable ?
Un jour, une personne m’a fait la remarque que je ne parlais jamais du diable, j’ai senti qu’elle m’en faisait presque le reproche.
Par la suite je me suis posé quelques questions. Aurais-je laissé parfois entendre que la vie spirituelle n’est toujours qu’une douce idylle ? Je ne le crois pas !
Quiconque met un jour ses pas dans ceux de Jésus, fait tôt ou tard l’expérience de cette opposition diffuse, qui contrarie son avancée et fait naître en lui toutes sortes de sentiments, qui ne collent pas avec l’élan premier par lequel il s’était mis en chemin.
Dans ses exercices spirituels Saint Ignace désigne avec beaucoup de netteté, « l’opposant de la nature humaine » dont le seul but est de chercher à perdre l’âme croyante qui met toute sa confiance en Dieu.
Si le diable, puisqu’il s’agit bien de lui, est difficile à décrire dans des traits physionomiques particuliers, il est reconnaissable dans les mauvais effets qu’il produit en nous.
Ainsi, avec un peu d’attention, de rigueur spirituelle, de discipline intérieure, il devient possible de s’en libérer.
Une des cartes les plus habituelle du démon est toujours d’utiliser ce qu’il y a de meilleur en nous, d’endormir notre vigilance, pour finir par détourner ce qui était pourtant bien orienté.
Si je suis d’un naturel actif, l’opposant de la nature humaine va s’arranger pour que j’en fasse encore davantage, jusqu’à épuisement. Si je suis prompt au doute il va imperceptiblement fragiliser ma confiance, si je désire le bien il va tenter de me décourager en insistant sur la quantité d’efforts qu’il me faudra mettre en œuvre pour y parvenir.
D’une manière générale, le diable cherchera toujours à m’empêcher de réfléchir, de me confier ou de rechercher un conseil.
Pourtant et cependant, même s’il est le diable, je garde le droit de le reconnaître et d’avoir un temps d’avance sur ses sollicitations.
Rien ne m’empêche en effet de rechercher avec patience la voix du Seigneur, elle qui ne fait pas de bruit, qui ne me flatte pas et ne me promet pas la vaine gloire, mais qui parle à mon cœur et, comme mystérieusement, le remplit de joie.
Père Mathias